Réveil sous la pluie battante... On profite d'une accalmie pour sortir et aller au musée Dar Jamaï. Palais construit en 1882, il abrite des collections de tapis, céramiques, bijoux, broderies, vêtements, pièces d'ébénisterie, de cuisine... Le monument en lui-même est magnifique. La koubba (sanctuaire surmonté d'une coupole) est meublée comme un salon que la famille du prince occupait, à droite une chambre et à gauche une bibliothèque. Un guide nous a accompagné et a commenté toutes les pièces du palais, on a ainsi pu découvrir leur fonction première (cuisine, hammam, pièce où dormaient les domestiques, les invités, un four de ferronnerie avec 2 soufflets impressionnants). Le riad à l'intérieur était l'endroit ou les femmes meknassies sortaient. Pendant la balade dans la medina, on tombe sur un artisan qui réalise de très belles choses. Ils ne sont plus que 10 à Meknès (et dans tout le Maroc) à pratiquer la damasquinerie et malheureusement aucun jeune ne continue. Sur du fer galvanisé qu'il strie pour que les fils d'argent accrochent, qu'il chauffe ensuite pour voir mieux où mettre le fil (plus de contraste) et il fait un dessin sur lequel il incruste le vil qui vient de France (Lyon) car il y a de l'argent au Maroc mais pas sous cette forme. Il découpe ensuite la pièce avec une grande cisaille. Nous avons craqué pour des bracelets qu'il a nettoyés au savon en poudre puis a fait briller avec de l'huile de table. Le vieil homme était très sympathique, s'excusait de ne pas bien parler français (ce qui est faux), il peut par contre le lire et l'écrire. Il était chic : cravate, pull sans manche avec une chemise, moustache, lunettes et air malicieux... Nous continuons notre déambulation et un homme nous demande si nous sommés perdus, nous lui répondons que c'est pas grave, on a un GPS. Il nous apprend qu'on va dans un cul de sac mais que si ça nous intéresse de voir une maison traditionnelle marocaine, on peut entrer chez lui ! La maison des grands-parents de sa femme est en rénovation, il habite actuellement dans la ville nouvelle en immeuble, ses enfants sont grands, ils veut revenir vivre ici. La famille de sa femme a acquis la maison en 1967, elle a été construite dans les années 50. Les maisons marocaines sont conçues autour d'une pièce de vie centrale. En face de la porte, il y a toujours un mur pour que les passants ne voient pas l'intérieur, puis un petit couloir qui mène à la pièce de vie. Celle-ci a un puits de lumière grâce à une verrière qui s'ouvre sur les côtés pour assurer la circulation de l'air. Autour de cette pièce, les chambres, la SDB, la cuisine... dont les ouvertures aux vitres colorées et volets donnent sur la pièce principale. La hauteur de plafond est d'environ 7 m, l'air circule facilement, la maison reste fraîche l'été et l'hiver on se couvre (pas de chauffage). Avant il n'y avait pas de vitre sur le puits de lumière, c'était bien s'il pleuvait dans la maison et pas grave, Maintenant, il arrive qu'on ajoute des étages à ces maisons mais c'est toujours autour du puits de lumière. On rentre au camion manger les restes du tajine d'hier soir et là un très gros orage éclate juste au-dessus de nous... y en a marre de la pluie, de la boue... ça se calme et on décide de chercher le camping pour se fournir en eau douce et prendre une douche. Introuvable, on se ravitaille à une fontaine. On reprend la route vers le nord, les paysages de plaines avec les montagnes au loin sont très beaux et les nuages menaçants voire la pluie très dense donnent une atmosphère irréelle. On se dirige vers les gros éclairs qu'on aperçoit au loin. A un moment, sous une pluie diluvienne, on voit à peine la route sous l'eau qui ravine, la visibilité est de quelques mètres. L'eau irise les champs, on croirait la mer. Nos routes bordées de platanes sont ici bordées d'eucalyptus aux larges troncs. Sur le trajet depuis Meknès, on a eu au moins 6-7 contrôles de police avec jumelles, mais aucune infraction ! On décide de s'arrêter à Ouezzane, on trouve à se garer dans une petite rue. Un tour au marché, on suit 4 musiciens gnawas qui déambulent et on rentre.